Accessibility Tools

Le monument aux morts de Torfou,  mémoire de la grande guerre

Comme bien d’autres petits villages ruraux, Torfou a payé un lourd tribut à ce terrible conflit. Sur les 170 habitants de 1914, douze ont donné leur vie .

Onze d’entre eux figurent sur le monument aux morts.

Le premier mort fut Henri Lemercier né le 23 août 1887 à Torfou.  Sous-lieutenant au 71ème régiment d’infanterie, il fut tué le 21 août 1914, donc à 27ans, en Belgique  entre Tamines et Auvelais  pendant la bataille de la Sambre. Ce lieu est célébré en Belgique  pour la mémoire des « martyrs de Tamines » où 384 civils furent tués. Il serait enterré à la nécropole nationale d’Auvelais près de Namur.

Le second est Eugène Maxime Moyé, né le 28 mars 1888 à Torfou. Soldat au 131ème régiment d’infanterie, il est mort de ses blessures à 26 ans, le 9 octobre 1914 à Dijon. Il est enterré à Saint-Sulpice-de- Favières.

Ensuite c’est  Léon Victor Réault, né le 19 mars 1889 à Torfou. Il était « marsouin » au 23ème régiment d’infanterie coloniale. Il fut tué  le 11décembre 1914 à 25 ans, au bois de la Gruerie dans la Marne, entre Vienne-le-Château et Binarville , où le lieu-dit « Le Tulipier »  évoque la mémoire de 60 soldats français tués par un seul tir d’artillerie. Il repose dans la nécropole nationale de Saint-Thomas d’Argonne.

En 1915 c’est Jules Charles Réault, soldat au 231ème régiment d’infanterie, né le 15 novembre 1878 à Torfou, qui est tué à l’ennemi. Il meurt le 11 septembre 1915, à 37 ans,  sur la côte 123 à Souchez dans le Pas-de-Calais lors de la troisième bataille d’Artois (environ 36 000 morts français). Ensuite  c’est Albert Henri Denise, soldat au 150ème régiment d’infanterie, né le 2 août 1885 à Lesneville-la-Chenard  en Eure-et-Loir, qui meurt  le 15 septembre 1915 à Saint-Hilaire-Le-Grand dans la Marne.

Enfin Henri Albert Legrain, né à Torfou le 25 avril 1890. Il était soldat au 26ème bataillon de chasseurs. Il perdit la vie le 11 octobre 1915 à Souain dans la Marne,  lors de la seconde bataille de Champagne, offensive française qui coûta 28 000 tués et 98 000 blessés.

En 1916  Joseph Lebourlier, né le 1er août 1879 à Fresnes (actuellement 94), adjudant au 26ème régiment d’Artillerie, est tué le 21 février 1916 dans la grande bataille de Verdun. Ensuite c’est Maurice Petit, né le 20 mars 1877 à Torfou, soldat au 205ème régiment d’Artillerie, qui perd la vie le 19 juillet 1916 à Soyécourt, dans la Somme.

Enfin, cette même année, Georges Buisson, né le 29 janvier 1885 à Torfou, où il était ouvrier agricole, est tué le 24 juillet 1916 à Montzeville dans la Meuse, dans le périmètre de Verdun. Il était sapeur au premier régiment du Génie. Il a été décoré de la médaille militaire.

En 1918, le 20 janvier, Alcide Duperche, soldat au 365ème régiment d’infanterie, meurt de ses blessures à l’ambulance 204 à Tourbe dans la Marne. Il était né le 14 août 1894 à Saudreville (Villeconin). Enfin Jean Charles Poupinel, lieutenant au 106ème régiment d’artillerie lourde hippomobile, né le 27 novembre 1882 à Versailles, meurt de ses blessures à l’hôpital n°11 de Beauvais dans l’Oise.

Ajoutons à ces morts pour la France Alcide Ernest Cotancien, soldat au 204ème régiment d’infanterie. Né le 1er août 1889 à Etampes, il est tué à Avocourt dans la Meuse le 9 Novembre 1916. C’est le « poilu » enterré au cimetière de Torfou.

Il faut aussi citer Désiré Eugène Lejards, né le 11 juin 1878 à Stainville en Eure-et-Loir. Cet habitant de Torfou , soldat au deuxième Génie, est tué le 17 juillet 1918 à Yendfet-Pardar en Serbie (Armée d’Orient). Son nom figure sur le monument aux morts de sa commune de naissance comme le confirme un courrier entre les deux mairies du 8 aout 1921.

Dès la fin de la guerre , s’impose dans toute les communes la volonté d’honorer les morts pour la France par un « monuments aux morts ».


La commune décide, « à titre d’hommage public, l’érection d’un monument à la mémoire des enfants de la commune morts pour la France », par délibération du conseil municipal le 14 novembre 1920. Le Maire est monsieur Muret. Cette décision est approuvée par décret du Président de la République, A. Millerand, le 21 février 1921. Il reste alors à choisir un projet, et à le financer, car c’est un investissement très important pour les finances de la commune. Peu avant, le 28 août 1920, la Sous-Préfecture d’Etampes envoyait au Maire  les conditions de subventions, un tableau terrible donnant le pourcentage d’aide de l’Etat en fonction du pourcentage de morts. Torfou a 11 morts reconnus pour 170 habitants en 1914. Ce rapport de 6,5% de tués donne droit à ... 12% de subvention de l’Etat sur les crédits inscrits au budget de la commune... Il y a une autre subvention liée au « potentiel fiscal » des habitants...

Le 3 mars 1921 le projet de stèle en grès est approuvé par le Préfet. Ce sont les entreprises Besnault, marbrier à Etampes et Julien, serrurier à Paris, qui sont finalement choisies. La facture s’élève à 3 461 F. La municipalité lance alors une souscription publique. Le monument est terminé le 1er octobre 1922. Il est particulièrement émouvant de voir la liste des 52 donateurs qui ont contribué à la souscription publique. Le total des dons s’élève à 1 226 F... soit beaucoup plus que les subventions de l’Etat.

Ce monument est là pour rappeler à nos générations qu’il y eut un temps où la « der des der » et ses horreurs allaient enchaîner très vite sur la suivante... sans doute encore plus horrible. Nous nous sommes habitués à la paix en Europe... Demeurons conscients de cet immense privilège et vigilants.